ACTUALITES
Catégories : - Actualité - Evenements
ACTUALITES
Syndrome de Stockholm :
Qu'est-ce que le syndrome de Stockholm ?
Le syndrome de Stockholm désigne la propension d'une victime à développer une forme d'attachement, parfois même d'amour envers son ravisseur, kidnappeur, ou agresseur après avoir passé un long moment avec lui.
Des scénarios similaires, il en existe des dizaines dans les productions littéraires et cinématographiques : dans la série à succès La Casa De Papel, c'est le cas du personnage de Monica (alias Stockholm justement) qui tombe amoureuse de son preneur d'otage. Ou encore d'Elektra King dans le film de James Bond, Le monde ne suffit pas .
Dans le monde réel, les exemples sont bien moins nombreux, souvent très médiatisés et se soldent par d'importantes séquelles psychologiques. Mais comment et pourquoi une victime peut-elle développer cet attachement pour son agresseur ? Et comment s'en libérer ?
Pourquoi le syndrome de Stockholm fascine-t-il autant ?
Ce phénomène d'attachement d'une victime pour la personne qui lui fait du mal est paradoxal car il défie toute logique. Il est difficile de concevoir qu'une personne puisse « comprendre » son bourreau au point de se ranger de son côté, voire d'adhérer à ses causes . Si dans le cas le plus emblématique, le syndrome touche des otages, il peut aussi concerner des victimes de violences conjugales, de viol ou plus généralement de tout acte de maltraitance.
Pourquoi «de Stockholm» ?
Ce syndrome est théorisé dans les années 70 après une prise d'otage dans une banque suédoise à Stockholm. Au terme d'une longue négociation, les victimes furent libérées mais, à la grande surprise des juges, certaines refusèrent de témoigner contre les assaillants. « Avec le temps, certaines victimes seraient mêmes allées rendre visite à leurs bourreaux en prison tandis qu'une ex-otage aurait entretenu une relation amoureuse avec l'un des braqueurs »
En 1978, cinq ans après les faits, le psychiatre Frank Ochberg décrit pour la première fois le « syndrome de Stockholm » comme une manifestation empathique des victimes envers leur malfaiteur.
Quelles sont les causes du syndrome de Stockholm ?
«Si l'on y réfléchit, cela correspond à un aménagement psychologique de la victime en danger »
«S'identifier à son ravisseur offre la possibilité de le comprendre davantage et donc de se sentir un peu moins victime, c'est un mécanisme de défense. » Autrement dit, c'est une façon pour l'agressé d'apaiser sa crainte de mourir. La victime ne cherche pas à protéger le malfaiteur mais sa propre santé mentale.
« Dans ce syndrome, le mécanisme de défense naît d'une nécessité impérieuse de se protéger face à une situation que la victime identifie comme hautement dangereuse pour sa santé physique et mentale »
Plusieurs paramètres vont être déterminants : la durée de la captivité, la réalité du danger, la façon dont l'agresseur argumente son point de vue, mais aussi des paramètres plus personnels comme l'évaluation subjective de la personne maltraitée, sa détresse, le trauma, la douleur physique subie, le contexte. Il s'active donc inconsciemment de manière à pouvoir supporter l'insupportable.
QU’EST CE QUE LE HARCÈLEMENT SCOLAIRE ?
asso-hugo.fr
« T’es moche » « T’es gros » « Grosse Pute » « Salope » « Tu sers à rien »
Le harcèlement se définit comme une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique. Elle est le fait d’un ou de plusieurs élèves à l’encontre d’une victime qui ne peut se défendre. Lorsqu’un enfant est insulté, menacé, battu, bousculé ou reçoit des messages injurieux à répétition, on parle donc de harcèlement.
QU’EST CE QUE LE CYBER HARCÈLEMENT ?
Avec l’utilisation permanente des nouvelles technologies de communication (téléphones, réseaux sociaux numériques), le harcèlement entre élèves se poursuit en dehors de l’enceinte des établissements scolaires. On parle alors de cyber-harcèlement.
C’est une diffusion rapide et instantanée de rumeurs, d’insultes, de moqueries et qui ont lieu nuit et jour, ne laissant aucun répit à la victime. Les conséquences sont très rapides et souvent plus graves.
D’autant plus que c’est un phénomène qui augmente le nombre de harceleurs et la violence du harcèlement.
Le cyber-harcèlement se poursuit lors des vacances scolaires.
LES 5 CARACTÉRISTIQUES DU HARCÈLEMENT ET DU CYBER-HARCÈLEMENT
LE SILENCE / L’OMERTA
Personne ne parle !!! Le Harcèlement est puissant et se fait en général à l’abri du regard des adultes. Les harceleurs sont souvent insoupçonnables et font tout pour qu’on ne puisse pas les appréhender.
LA VIOLENCE
C’est un rapport de force et de domination entre un ou plusieurs élèves et une ou plusieurs victimes.
LA RÉPÉTITIVITÉ
Il s’agit d’agressions qui se répètent régulièrement durant une longue période ( et qui n’amusent pas l’enfant victime).
LE DÉSÉQUILIBRE
Il y a un rapport de domination et un jeu d’abus de pouvoir.
L’INTENTION DE NUIRE
Si ça commence par un jeu, rapidement, le processus qui se met en place va chercher à nuire à la victime isolée. C’est un phénomène progressif et insidieux.
LES ACTEURS D’UNE SITUATION DE HARCÈLEMENT OU DU CYBER-HARCÈLEMENT : HARCELEUR(S) HARCELEUSE(S) / VICTIME / TEMOIN(S)
ASSOCIATION HUGO!
Nos ambitions
Nous voulons faire changer l’opinion sur la problématique et proposer aux jeunes de devenir acteur du changement.
Nous souhaitons devenir un acteur de référence sur la problématique du Harcèlement scolaire à l’échelle nationale d’ici 2021 !
Nous souhaitons contribuer à l’épanouissement personnel des jeunes et les laisser croire en leurs rêves !
HUGO MARTINEZ - PRESIDENT DE L'ASSOCIATION
Comment un mot quasi inconnu il y a un demi siècle a-t-il pris autant d'importance en si peu de temps ? Ce succès du mot en dit long tant sur la façon de penser les rapports humains et que sur nos attentes dans ce domaine.
TROIS SIGNIFICATIONS :
A y regarder de près l'usage du mot est assez équivoque. Pour simplifier, trois significations sont généralement distinguées.
L'empathie cognitive désigne la capacité à comprendre les pensées et intentions d'autrui. En psychologie cognitive, on parle aussi de "théorie de l'esprit" - un mot bien sophistiqué pour désigner une chose simple : quand vous observez une personne dans le train la tête tournée vers la fenêtre, les yeux dans le vide, vous comprenez qu'il est en train de rêvasser. Si la personne se met à fouiller dans son sac, vous comprenez qu'elle cherche quelque chose. Bref, sans percer ses pensées, vous percevez globalement ses intentions. Cette capacité à lire dans la pensée d'autrui a fait l'objet de quatre décennies de recherches pour savoir si elle était le propre de l'Homme. La question n'est pas vraiment tranchée.
L'empathie affective est la capacité à comprendre, non pas les pensées, mais les émotions d'autrui. Ce partage d'émotions va au-delà de la simple contagion émotionnelle (le fou rire qui se propage dans un groupe). Comprendre les émotions d'autrui, ce n'est pas forcément les partager. On peut percevoir la tristesse ou l'inquiétude de l'autre sans l'éprouver soi-même. Il est même une forme d'empathie affective très perverse qui consiste à se réjouir du malheur d'autrui.
L'empathie "compassionnelle", enfin, est l'autre nom de sollicitude. Elle ne consiste pas simplement à constater la souffrance ou la joie d'autrui, mais suppose une attitude bienveillante à son égard. Quand je cherche à consoler un enfant, un ami, un proche qui a subi une perte...je n'éprouve pas forcément de peine, mais je sais que quelque chose ne vas pas, je m'en soucie et souhaite apporter quelques mots ou gestes de réconfort...
Jean-François DORTIER (Sciences Humaines N°296 bis - septembre 2017)
La psychologue et psychanalyste Catherine Audibert se méfie du processus mental de rumination qui peut conduire à l’insomnie : « Les insomniaques sont souvent assaillis par des pensées nocturnes qu’ils sont incapables de verbaliser le lendemain. Ces pensées répétitives très négatives peuvent même finir par les mettre en danger. Elles sont souvent en rapport avec un traumatisme, qui a créé une compulsion à la répétition, dans les actes, mais aussi dans la pensée. La rumination ne cesse pas par la volonté. Il faut en retrouver l’origine et le sens pour la désactiver. »
Dans nos sociétés agitées par les pulsions, la sublimation semble en voie de disparition, au profit du déni et du passage à l’acte.
La sublimation a vécu. La pulsion a trouvé un regain de toute-puissance dans un monde qui ne supporte aucune limite pour la satisfaire. Immédiateté, vitesse, fluidité appellent une société sans frustration ni délai. Que ce soit dans l’espace public (les actualités, les faits divers, la pornographie normative, les attitudes «décomplexées») ou sur le divan (patient déprimé, désaxé, agité par les pulsions qui ne trouvent pas une voie féconde en lui, déversées dans ses «humeurs» ou refoulées dans le meilleur des cas jusqu’au retour plus ou moins violent de ce refoulé), la société post-industrielle et post-traumatique de l’après-guerre admet mal qu’on «sublime». Tout ce qui attente à l’envie immédiate est perçu comme un obstacle. Il faut au sujet narcissique un champ opératoire simple et direct à ses pulsions, sinon, il se déprime. La frustration n’est plus supportable, trouvons-lui donc sans cesse de nouveaux objets à ses appétits. L’abstraction, le style, la précision sont passés à l’ennemi, toutes ces choses nous «ralentissent». On ne possède pas un livre, ce n’est ni un investissement ni un instrument ; la lecture prend du temps, et ne produit rien d’autre qu’une capacité accrue à rêver et à penser. On lui préférera des bribes de textes glanés sur le Net qui livreront au plus vite possible l’information ad hoc. L’absence de style dans les productions culturelles est aussi préoccupante que le sont les vies sous pression, moroses et fonctionnelles - tellement plus nombreuses que des vies habitées, voulues.
Freud définit la sublimation pour la première fois en 1905 pour rendre compte de ce qui nous porte à créer spirituellement et artistiquement, sans que cette activité n’ait de rapport apparent avec la sexualité. Il fait l’hypothèse que la pulsion se déplace vers un but non sexuel. Autrement dit, il s’agit d’un processus inconscient de conversion de l’énergie - la libido. «La sublimation comprend un jugement de valeur. […] Le but de la pulsion est dévié : à la différence du symptôme, loin d’impliquer angoisse et culpabilité, elle est associée à une satisfaction esthétique, intellectuelle et sociale.» A la fonction cathartique de l’acte de création s’ajoute un bénéfice narcissique. Attendre, imaginer, espérer, c’est faire face au chaos de nos envies et de nos tourments en leur donnant un ordre symbolique. Longtemps, le sexe, la mort et leurs diverses conjugaisons, mais aussi l’extase, l’abandon mystique, l’effroi ont été des portes que l’on savait ouvertes sur des abîmes sans quoi l’humain serait réduit à une animalité de confort. Pour mettre au secret ce que dans des temps anciens on appelait l’hubris, c’est-à-dire «l’excès», la vie pulsionnelle non refrénée, meurtre compris, il y avait ce couple : refoulement et sublimation. Qui se passait de notre consentement comme de notre volonté.
Ce que Freud a posé, c’est que la sublimation n’était pas l’envers de la répression, mais un agir, presque un instinct de beauté. Oui, Freud, en explorant cette capacité de l’être humain, a fait une trouvaille géniale quand il désigne dans la sublimation non une propension au fantasme, ni bovarysme de l’esprit, mais un des destins de la pulsion. La pulsion a un autre talent : elle invente, elle propose, elle trace des arabesques là tout est muré. C’est l’anamorphose qui révèle dans l’ombre portée du crâne, des paysages. C’est le délire du fou qui révèle une vérité enfouie, inaudible. La question du délire est intéressante, d’ailleurs, pour qui s’intéresse à la psychiatrie. Car le délire aussi est une forme de sublimation. En ce sens, les délires pauvres ou empêchés par les médicaments disent bien notre forme de puritanisme. Car la pulsion de sublimation est aussi épocale. Tel l’art zen du tir à l’arc ou l’art du désordre dans le jardin anglais, elle appelle chez le sujet un consentement à se passer de l’immédiat pour la beauté du geste. Citons quelques exemples de ses conquêtes : l’art baroque, le trait d’esprit, l’équation mathématique, le pas de danse, la corrida.
La sublimation, pour Freud, était la clé du processus de symbolisation. Elle articulait pulsion et langage, affects et valeur. La sublimation ne nie pas la réalité, elle en reconnaît la contrainte mais elle passe outre, et au passage elle invente un langage. Freud aimait citer ce mot de Pierre-François Lacenaire, qui, appelé à être guillotiné à l’aube, s’était écrié en trébuchant sur un pavé de la cour : «Voilà une semaine qui commence mal.» Et Freud de conclure avec humour : voilà le parfait dépassement de la névrose ! Sublimer n’est pas éviter la mort mais faire un dernier tableau avant la mort dans le dos. Le réel n’est pas nié, ni même évité, il est surmonté. Qu’a donc la sublimation de si dangereux pour être dans une si mauvaise passe ? Le couple refoulement-sublimation, qui caractérisait le XXe siècle, est-il en train d’être remplacé par le déni et le passage à l’acte ? Un monde qui parvient à sublimer est un monde qui prend une forme, qui n’est pas informe comme l’actuelle confusion générale destine le nôtre à l’être.
Anne Dufourmantelle Philosophe et psychanalyste
Cette chronique est assurée en alternance par Sandra Laugier, Michaël Fœssel, Anne Dufourmantelle et Frédéric Worms. Libération.
Winnicott : le psychanalyste pour tous
Qui était Donald Winnicott ? Retrouvez Catherine Rodière Rein et Michel Grinbinski, psychanalystes, pour une émission consacrée à Donald W. Winnicott. Pédiatre, psychanalyste qui aimait la vie, il répétait notamment que "c’est l’anormal qui fait apparaître le normal". Retour en audio sur l'approche de ce "psychanalyste pour tous".
Donald W. Winicott dans son cabinet
Date: 18 septembre 2017Author: CulturePsyP7 0 Commentaires
Publié le 1 juin 2012 sur France Culture à partir de de l’émission « Les Chemins de la philosophie » par Adèle Van Reeth. Lien vers l’article original : ici
Qui était Donald Winnicott ?
France Culture reçoit Catherine Rodière Rein et Michel Grinbinski pour une émission consacrée à Donald W. Winnicott. Pédiatre, psychanalyste qui aimait la vie, « c’est l’anormal qui fait apparaître le normal » disait-il. Traitant de la délinquance, de la dépression, de l’éducation, de la famille, ses causeries ressemblaient bien plus à une promenade qu’à un exposé.
Retour sur l’approche de Winnicott avec 2 psychanalystes lecteurs de ce pédiatre original qui était aussi « un homme en colère« .
Lien :
https://www.franceculture.fr/player/export-reecouter?content=6bbe977e-8ecb-11e1-a6ab-842b2b72cd1d
Intervenant :
-
Michel Gribinski est psychanalyste, membre de l’Association psychanalytique de France (APF), ancien directeur de la revue de psychanalyse penser/rêver et de la collection d’essais « Penser/rêver » aux éditions de l’Olivier. Il a traduit de l’anglais et édité D. W. Winnicott aux éditions Gallimard, Aharon Appelfeld et Adam Phillips aux éditions de l’Olivier.
-
Catherine Rodiere Rein est psychiatre et psychanalyste.
Lâcher prise, c’est accepter ses limites
A force de vouloir contrôler tout ce qui nous entoure, nous gaspillons notre énergie et perdons notre sérénité. D’où le fameux “lâcher-prise” ! Une attitude intérieure d’ouverture à la vie et aux autres dont l’écrivain Gilles Farcet nous livre quelques clés.
Pascale SENK
Comment lâcher prise ?
Il faut, paraît-il « lâcher prise ». C’est en tout cas ce que tout un chacun peut lire ou entendre répéter dès qu’il est question d’une approche spirituelle de l’existence.
Si cette expression a fait florès au point de devenir un cliché du développement personnel, ce qu’elle recouvre n’en reste pas moins confus. Elle est prétexte à bien des malentendus. Qu’avons-nous, au juste, à « lâcher » ?
Quelle est donc cette « prise » qu’il conviendrait de desserrer ? Cette attitude est-elle compatible avec un positionnement responsable ? Si oui, comment passer du concept à la pratique ? Les enseignements de sagesse traditionnels s’articulent tous autour de cette question. Nous pouvons donc nous tourner vers eux et y chercher des réponses, qu’il nous appartient ensuite de faire nôtres.
Entretien avec Gilles Farcet, écrivain français et promoteur d'une spiritualité inspirée de l'enseignement d' Arnaud Desjardins.
Psychologies : Avant de prétendre "lâcher", encore faut-il savoir ce que nous "tenons" ?
Gilles Farcet : Au commencement de toute "prise" se trouve l’ego, une conviction, un ressenti dont tout découle. Moi, Pierre ou Paul, j’existe indépendamment du tout, séparé, seul face à l’autre, c’est-à-dire tout le reste, tout ce qui n’est pas "moi" et qui, étant "autre", n’obéit pas toujours à ma loi. L’identification à ce très cher moi se paie au prix fort : me ressentant séparé, je vis à la fois dans la peur et dans une illusion de toute-puissance. "Seul contre tous", "Après moi le déluge", telles sont en somme les deux croyances sur lesquelles se dresse l’ego. Lâcher-prise, c’est abandonner une illusion, celle de la séparation.
Ce lâcher-prise ne sous-entend en rien une négation de l’individualité. Pierre reste Pierre, Paul demeure Paul. Simplement, la partie se reconnaît comme expression du tout, la vague se sait forme du grand océan et, du même coup, reconnaît les autres vagues comme autant d’expressions de ce qu’elle-même est au plus profond. Par un apparent paradoxe, l’autre à la fois disparaît – nul ne peut plus m’être essentiellement étranger – et se trouve comme jamais reconnu dans sa différence existentielle. Le moi séparé cesse d’être l’étalon, la mesure de toute chose. Il n’y a plus de moi pour exiger de l’autre qu’il se conforme à mes critères. Le lâcher-prise se produit dès lors que le moi accepte de l’autre, de tout autre, qu’il soit autre.
Voilà pour la métaphysique, qu’en est-il de la pratique au quotidien ?
Le sens du moi séparé se maintient instant après instant par le refus plus ou moins conscient de l’autre (c’est-à-dire de ce qui est – "Moi, je ne veux pas qu’il pleuve ce matin", "Moi, je ne veux pas que ma femme fasse cette tête", "Moi, je refuse que ce qui est soit et je prétends mettre autre chose à la place" –), refus qui s’accompagne de la prétention sous-jacente à tout contrôler. Le fait même que "moi, je ne veuille pas" implique la conviction qu’il pourrait en être autrement parce que tel est mon souverain désir. Nous refaisons sans cesse le monde à grands coups de "si", de "quand" , au nom de ce qui "devrait être", "aurait pu être", "pourrait éventuellement être", et nos pensées vagabondent dans le passé ou le futur. Il est bien rare que nous soyons vraiment " ici et maintenant " – alors même que nous ne pouvons en fait être ailleurs qu’ici et à un autre moment que maintenant. Quoi que mon mental prétende, je me trouve là où sont mes pieds. Si je pense au passé ou au futur, c’est toujours maintenant. Passé, futur, ailleurs n’existent qu’en tant que pensées surgissant ici et maintenant.
La pratique la plus simple et efficace du lâcher-prise consiste donc à s’exercer à demeurer un ici et maintenant avec ce qui est ?
Cette pratique n’exclut en rien l’aptitude à prévoir, à organiser ni ne nous dispense de nos responsabilités. L’attitude d’ouverture inconditionnelle à l’instant ne conduit nullement à baisser les bras, à tolérer l’intolérable. Le lâcher-prise, dans l’immédiateté, est totalement compatible avec l’action dans la durée. Le lâcher-prise n’est pas se résigner mais être conscient de ses limites. Je marche dans la rue, un vieillard se fait renverser sous mes yeux. Le fait que je pratique ici et maintenant le lâcher-prise (sur des questions comme : est-ce grave ? sa vie est-elle entre mes mains ?) ne me conduit pas à m’abstenir de lui venir en aide. Bien au contraire, en m’épargnant les pensées parasites ou les atermoiements, ce positionnement intérieur me permet d’agir plus vite, dans la mesure exacte de mes possibilités.
Ici et maintenant, il m’appartient de poser un acte, de proposer quelque chose... dont la vie disposera ?
Ainsi je garde toute mon énergie pour agir, plutôt que de la gaspiller. En renonçant à contrôler l’avenir, j’obtiens souvent de meilleurs résultats ici et maintenant. En vérité, notre seul pouvoir, notre seule responsabilité réelle, s’exerce dans l’instant présent, lequel, bien sûr, prépare les instants futurs mais sans que nous puissions obtenir de garanties quant à l’avenir, y compris la seconde suivante. "La vie, c’est ce qui vous arrive pendant que vous êtes en train de faire d’autres projets", a dit John Lennon. Lâcher prise, c’est aussi cesser d’aborder l’existence avec une mentalité d’"assuré tous risques". Quelle que puisse être la prétention du moi à contrôler l’avenir, la vie n’est pas une mutuelle et n’offre aucune garantie.
Une pratique assidue du lâcher-prise soulage d’un grand poids ?
Elle nous affranchit du complexe d’Atlas portant le monde sur ses épaules. Elle fait coïncider le plus profond détachement avec le plus authentique sentiment de responsabilité envers soi-même et les autres. Elle est aussi le fondement de la vraie confiance en soi. Tant que je me crois séparé et m’attribue un pouvoir sur ce qui est, je ne peux que me surestimer ou me sous-estimer. Dès l’instant où le moi est remis à sa place, il est reconnu pour exactement ce qu’il est, avec ses forces et ses faiblesses, ses limites naturelles totalement acceptées. Représentons-nous un instant notre rôle de parent, de citoyen, de conjoint ou encore l’exercice de notre activité professionnelle envisagés sous cet angle… Mais cette attitude, en elle-même simple, est difficile à pratiquer. Elle va à l’encontre de nos conditionnements les plus ancrés. Toute la sagesse pratique du lâcher-prise se trouve sans doute synthétisée dans la magnifique prière des Alcooliques anonymes : "Donnez-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage de changer celles que je peux changer et la sagesse d’en voir la différence."
Techniques pour lâcher prise
Lâcher prise sur une rancœur, une peur, une émotion négative, revient souvent à détourner son regard de la difficulté… sans pour autant la fuir. Quelques pistes pour y parvenir :
=> Se centrer sur sa respiration quand l’obsession du problème réapparaît : imaginer qu’à chaque expiration on repousse la colère, la tristesse, les sentiments négatifs ; et qu’à chaque inspiration on inhale la confiance, la joie, la gratitude.
=> En relaxation, visualiser des horizons, des paysages ouverts. Se mettre en scène en se voyant libéré du problème.
=> Créer des rites pour se séparer symboliquement de ce qui nous fait mal: écrire une lettre de ressentiment puis la jeter au feu, organiser avec soin une véritable «cérémonie de divorce », déclarer à haute voix, devant un entourage choisi, sa volonté de se libérer de ses émotions négatives…
Psychologies 2017.
Relations amoureuses qui systématiquement échouent, choc post-traumatique, décès insurmontable d’un proche, angoisse diffuse et paralysante, bégaiement invalidant, timidité « maladive », un seul point en commun à tous ces motifs de consultation : on n’arrive pas à s’en sortir seul. Le moment est venu de se tourner vers un professionnel de l’écoute.
Il existe des centaines de bonnes raisons pour aller consulter un professionnel. Mais à l’origine de cette démarche, il doit y avoir une décision personnelle, personne ne peut vous contraindre à aller consulter, tout au plus peut-on vous suggérer qu’une aide psychologique vous serait bénéfique. Une consultation peut être alors motivée soit par une demande pour soi-même, soit par rapport à la situation d’un proche ou encore pour son enfant et/ou adolescent. Voici une liste, non exhaustive, de motifs de consultations fréquents qui vous permettront d’éclairer votre réflexion :
Je vais consulter pour moi-même
-
Face à une souffrance profonde dont il me semble impossible de sortir seul : mal-être, angoisse existentielle, apathie et tristesse qui m'empêche de réaliser des tâches simples du quotidien, dépréciation et perte de l’estime de soi.
-
Suite à l’apparition brutale d’un trouble : idées délirantes ou suicidaires, attaques d’angoisse. Dans ce cas, la consultation d’un psychiatre est recommandée.
-
Suite à l’aggravation progressive d’un trouble : de « mini-symptômes » qui deviennent invalidants comme une tristesse qui s’intensifie pour se transformer en dépression, une timidité qui mène au repli et à une forme de phobie sociale. Parfois, certaines conduites qui ne me posaient pas de problème peuvent également devenir invalidantes, comme une consommation « festive » d’alcool ou de cannabis qui deviendrait une addiction. En ce qui concerne les conduites addictives, même minimes, se faire aider par un professionnel constitue souvent une aide précieuse.
-
Suite à une prise de conscience d’une perte d’adaptation dans ma vie familiale et/ou professionnelle avec le ressenti d’un certain malaise. Cela peut-être l’impression de plus pouvoir faire face à mes responsabilités quotidiennes ou encore de me sentir épuisé par un trop plein de demandes, d’activités ou de travail à réaliser.
-
Suite à une prise de conscience d’une forme de répétition d’échecs dans ma vie : j'éprouve une incapacité à trouver ma place en société, à me faire embaucher, à vivre une histoire d’amour stable…
-
Dans le but de développer et/ou libérer mon potentiel : j'ai pris conscience que quelque chose de psychologique m'empêche de réussir dans différentes situations (sport, études, travail). Cette aide peut être ponctuelle, pour un étudiant qui n’arriverait pas à se concentrer avant un examen par exemple.
-
Je vais consulter par rapport à la situation d’un proche
-
Car un de mes proches va mal : mon enfant, mon adolescent, mon ou ma conjoint(e), un proche est dans une situation difficile, va mal et/ou développe des troubles psychiques et cela m’impacte.
-
Pour mieux comprendre un conjoint(e) en crise : mon conjoint(e) traverse une période difficile (addiction, licenciement, burn-out, crise existentielle) et j’aimerais avoir de l’aide pour savoir comment réagir. Il est d’ailleurs bénéfique pour tout(e) conjoint(e) d’une personne souffrant d’addiction de se faire suivre par un professionnel.
-
Je suis aidant, ou proche d’une personne malade et/ou très âgée : consulter un professionnel constitue une aide précieuse car cette situation peut être difficile à gérer psychiquement.
J’emmène mon enfant ou mon adolescent(e) consulter
Les raisons d’une consultation sont similaires à celles chez l’adulte avec des motifs parfois différents :
-
Il ou elle vit l’apparition brutale d’un trouble : chez l’enfant, le plus fréquent est l’apparition de troubles en milieu scolaire. Suite à des modifications du milieu familial (divorce, arrivée d’un autre petit enfant dans la famille…) des troubles du comportement peuvent également se manifester. L’adolescent, en raison des changements physiques et psychiques qu’il traverse, peut connaître un mal-être inexpliqué, durable et intense, des troubles du sommeil, l’apparition d’un sentiment de persécution, le développement d’une conduite addictive ou d’un trouble alimentaire (anorexie, boulimie…)
-
Il ou elle éprouve une aggravation de petits symptômes : des difficultés scolaires qui s’accentuent, une timidité ou un manque de confiance en soi qui se prononce et mène à un repli sur soi, un glissement vers une addiction…
Les freins internes
Avant même de prendre un rendez-vous, de formidables résistances internes se manifestent parfois. Des questions, des doutes, des appréhensions ou encore des peurs, souvent inconscientes. Celle de briser le fragile équilibre que l’on s’est construit, de devoir « tout changer », de découvrir un monstre tapi au fond de soi. Ce qui nous fait souffrir est aussi ce qui nous constitue – du moins le percevons-nous ainsi. Vouloir ne plus souffrir, c’est aussi s’en prendre à une part de nous, et pour le faire il faut que nous y voyions un sens.
Retrouver le goût de vivre
Entreprendre de consulter un psy, c’est déjà se mettre en route. La transformation commence dès ce moment-là. La suite viendra, en son temps, chacun à son propre rythme. Le but initial – se débarrasser d’une souffrance – trouvera, chemin faisant, tout son sens : l’envie de se sentir pleinement vivant.